5 RÉALITÉS POUR LES PERSONNES NOIRES PAR RAPPORT AU MOT « N**** »

L'utilisation du mot N - Black milk women

5 RÉALITÉS POUR LES PERSONNES NOIRES PAR RAPPORT AU MOT « N**** »

Opinion

 

L’utilisation du mot « n**** » par les personnes qui ne sont pas noires est une polémique qui ressurgit dans l’espace public presque de manière périodique. Dernièrement, ce débat a été réenclenché lorsqu’une professeure blanche de l’Université d’Ottawa a utilisé ce mot dans le cadre de son cours. Même si elle aurait affirmé ne vouloir blesser personne et qu’elle s’est excusée si ça avait été le cas, l’université l’a tout de même suspendue suite aux plaintes de ses étudiants. Dès lors, tous les médias ainsi que monsieur-madame-tout-le-monde se sont enflammés et ont activement participé à l’exercice de donner son opinion sur le sujet.

Mais pendant que ce terme est disséqué, examiné, pesé, mâchouillé, ingurgité puis régurgité et même parfois violemment recraché, qui prend la peine de vérifier comment se portent les personnes principalement concernées et affectées par ce mot? Qui se soucie de leur santé mentale, émotionnelle et peut-être même physique à travers tout ça? La vérité est que ce débat en est un qui néglige encore une fois l’expérience noire, et suggère que notre humanité est débattable.

Donc, remettons le focus sur nous, notre vécu, notre healing individuel ainsi qu’en tant que communauté. Peu importe de quel côté du camp on se range, voici 5 réalités que nous vivons en lien avec le mot « n**** » lorsqu’on est noir.e.

1. Malgré les constantes pressions pour invalider nos sentiments par rapport à ce mot, ils sont valides.

Les gens vont souvent essayer de te dicter comment tu devrais ou ne devrais pas te sentir face au mot « n**** », alors que ça ne regarde que toi. Qu’on soit en faveur de l’utilisation du terme ou non, on a tous notre bagage et nos raisons de ressentir ce qu’il évoque pour nous, et c’est parfois épuisant de faire face à toutes ces discussions invalidantes. Ces débats qui se veulent « intellectuels » sur la place publique font bien souvent abstraction des personnes avec des vraies émotions qui vivent un stress quotidien.

2. On ne s’entend même pas sur le mot « n**** » à l’intérieur de la communauté noire.

Certains sont du mouvement de réappropriation du mot et l’utilisent entre eux, d’autres ressentent un profond malaise juste à l’idée de le prononcer à voix haute et ne l’utilisent jamais, même entre noirs. Certains acceptent que leurs amis proches qui ne sont pas noirs les interpellent « amicalement » avec ce terme, pour d’autres ça serait inacceptable. Selon certains, il ne faudrait pas s’en faire si on se le fait dire comme insulte, l’ignorer et continuer sa route, selon d’autres cette situation impliquerait des comptes à rendre et/ou des coups à donner. Certains affirment que ce n’est qu’un mot comme un autre appartenant à tous avec différents sens et étymologies pas uniquement reliés à l’esclavage, d’autres réfutent que son utilisation moderne découle principalement de l’esclavage et que nous méritons la revendication de ce mot. Bref, vous voyez le portrait. Mais en tant que seules personnes directement concernées par ce mot, est-ce que ça ne ferait pas plus de sens de commencer par essayer de s’entendre entre nous avant de laisser les autres s’en mêler?

3. Ce mot est traumatique pour encore beaucoup de personnes noires.

On a tous eu au moins une expérience négative avec ce terme, de près ou de loin. Plus souvent qu’autrement, on ne compte même plus les instances où il est venu perturber le cours de notre vie. Certains se rappellent même très vivement de la première fois qu’ils se sont fait traiter de « n**** ». La réalité est qu’avec tout le rattrapage qu’on a eu à faire face à des systèmes racistes et oppressants, beaucoup d’entre nous vivons encore en mode survie. On meurt à tous les jours, juste à cause de la couleur de notre peau. Plusieurs n’ont donc pas le luxe de pouvoir baisser leur garde, même pour juste quelques instants, afin d’aller creuser dans leurs traumas et guérir ces blessures qui sont très profondes. On ne parle d’ailleurs pas assez de l’existence des traumas intergénérationnels et de leur impact réel sur nos croyances et comportements. Difficile de se rendre là dans notre cheminement vers la guérison si on est toujours en train de se défendre contre des attaques externes. Et on ne réagit pas tous de la même manière devant des traumas identiques. Pendant que l’un va figer sous le choc et l’humiliation, l’autre va blaguer et rationaliser ce qui vient d’être dit car c’est moins blessant de penser que les gens ne sont pas mal intentionnés. Pendant que l’un va exploser de rage à chaque occurence, l’autre va apprendre à se déconnecter émotionnellement et ne pas réagir pour ne plus ressentir la douleur que ça lui apporte. Toutes ces réactions sont compréhensibles et explicables. Mais toutes ces personnes au final gagneraient grandement à en discuter avec un professionnel pour libérer toutes ces charges et blessures. Faut-il encore que ça soit plus accepté dans la communauté noire d’aller chercher de l’aide psychologique…

4. Difficile de ne pas être méfiants de l’utilisation du mot « n**** » dans des espaces qui historiquement n’ont pas été safe pour nous, et qui continuent de ne pas l’être.

Aux dernières nouvelles, le racisme systémique est toujours rampant au Québec et dans le monde. On continue d’être discriminés dans des contextes autant professionnels qu’académiques. On ne sait pas d’où la prochaine atteinte à notre existence, le prochain bâton dans les roues ou le prochain jugement injustifié va venir. C’est dans un état constant d’alerte qu’on se retrouve, alors qu’on voudrait juste être vus avec humanité et décence. Au lieu de cela, on se fait constamment demander d’accepter notre inconfort pour rendre les autres confortables. Pendant ce temps, on se fait dire que c’est trop demander lorsqu’on propose de remplacer le mot « n**** » par le mot « noir » même en contexte académique, sous le prétexte de la liberté d’expression ainsi que de l’importance de la précision académique… D’ailleurs, ce sont souvent ceux qui prétendent être des alliés ou des progressistes qui font le plus de dommages à l’avancement de la cause noire, car ils pensent ne pas être racistes, et donc ne pas avoir à revoir leurs points de vue sur le sujet…

5. Les « personnalités publiques » noires typiquement choisies sur les plateformes populaires ne parlent pas en notre nom.

D’ailleurs elles ne représentent souvent même pas l’opinion ni les sentiments de la majorité des gens de la communauté noire. La plupart ne contribuent même pas à l’avancement de la dite communauté de manière concrète et intentionnelle. La seule fois qu’ils disent en faire partie, c’est quand il y a un agenda derrière et qu’ils sont payés pour le faire… Il faut comprendre que parfois malheureusement, les visages noirs dans les lieux hauts placés sont fidèles aux lieux hauts placés et non aux visages noirs. Mais leurs sentiments sont aussi valides que les nôtres et on va retrouver d’autres noirs qui pensent comme eux. Ils ont eux-mêmes leurs propres traumas et expériences personnelles avec le mot « n**** », et leur mécanisme de défense pourrait être de se coller aux personnes en pouvoir et de leur donner raison afin d’être bien vus par celles-ci. Leur rôle est souvent d’être les « représentants » noirs élus par les médias blancs dans le seul but de les rassurer, à savoir qu’ils ne sont pas racistes, et de véhiculer l’idée que ce serait en fait à la communauté noire de passer par dessus nos expériences, imaginées et exagérées selon plusieurs, et de les laisser dans le passé! Bref, à essayer de prendre avec un grain de sel…

Donc, peu importe où on se situe sur le spectre des opinions par rapport au mot « n**** », voilà 5 réalités auxquelles on fait face malgré nous, de près ou de loin, lorsqu’on a la peau noire. N’oublions pas de prendre soin de notre santé mentale et émotionnelle à travers tout ça, et n’hésitons pas à fermer la télé, la radio ou toute autre exposition à ces bruits quand on commence à se sentir chavirer. Vos sentiments sont valides, vos expériences sont valides, vous comptez, donnez-vous un peu (beaucoup) de douceur.

 

As I’m always looking to learn something new about the world and its people, I've also been on a journey to discover the world within my own self. Which is why I love sharing and exchanging opinions and knowledge with people. In a way, communication has always been part of my pursuit, whether it was by getting my bachelor's degree in Communications, hosting a radio show in Australia even though I barely spoke English back then, or even by recently getting a certification in NLP (Neuro-Linguistic Programming). I feel like I have so much to share with the world. And so much more to learn.

 
 

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